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Chronique d'une Jeune Femme Amoureuse
C'est beau l'amour
01-06-1999
en francais
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Il ne fallait pas que je m'en mêle, il ne fallait pas que je l'aime, il ne fallait rien, ou si peu de choses...
J'étais partie ce matin-là, le laissant à moitié endormi dans nos draps humides, dans cette chambre où l'air impudent m'était devenu insupportable. Dehors, alors que le soleil se levait, la rosée humectait la terre et je me disait en moi-même qu'elle deviendrait fertile grâce à cette semence _ cette semence est un cadeau du ciel pour lequel nous les hommes, nous ne remercions jamais assez. j'étais plantée là, debout, mais ce n'était pas important. Je commençais doucement à penser que je n'avais pas su faire la différence entre les soins d'ivresse et les soins de rancoeur, tous ces mots qu'il m'avait donné comme autant de perches tendues. Peut-être résonnaient-ils trop faux, peut-être ont-ils été mal compris, mal interprétés. Je me foutais de ce qui pouvait arriver demain, je l'aimais lui, et personne d'autre. Or, le dilemme mais en était-ce vraiment un _ était que je ne voulais ni abandonner mes rêves, ne le perdre.
'Je partirai sans toi, répétait-il, mais je partirai quand même, d'abord parce que tu ne viendrais pas et ensuite, probablement parce que tu n'en aurais même pas envie.
Je me remémorais cette scène, bien trop pathétique à mon goût; il ne parlait plus. Je préférais d'ailleurs qu'il ne parle pas, j'avais l'impression de mieux savoir le perdre. je n'aurais jamais voulu le perdre. Seulement, rien n'avait été dit entièrement, et ces choses-là ne se lisent pas sur les visages. Tout resterait ainsi, mal perçu, pourtant j'y avais cru.
Je sais qu'on oublie, que le temps efface toute douleur, que chaque minute qui passe ne peut ressembler à la précédante; et que même si je laisse filer ma vie entre d'autres doigts, ces derniers finiront tôt ou tard de m'abattre. je ne comprenais plus grand chose, simplement, j'aurais aimé lui expliquer ce que je ressentais: cette humiliation mêlée de tendresse, cette dépendance qu'il avait su faire naître en moi.
J'avais néanmoins encore envie d'être avec lui, même si tout cela n'avait plus aucun sens.

Sa vie et la mienne ne se ressemblent pas, etje supposais à cet instant que même si nous avions encore des nuits, des années, des siècles à passer ensemble, rien ne rapprocherait mes histoires passées des siennes résolues. Et puis, je sais mieux que lui où il faut placer les points, et à quel moment il faut tourner la page, c'est une certitude...
Peu de temps s'est écoulé depuis ce matin-là, et ce besoin que j'ai de lui me ronge tellement que je me fous de tout cela, je me fous de nos différences.
Permis ou prison, ça ressemblait de près comme de loin à ma libération - sa présence comme des murs peints, repeins.

Winnie

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